Découvert lors de la dernière Japan Expo, Naja, dernière série de Bengal et Morvan qu’on a pu (ou pas pour ma part) voir à l’œuvre sur des séries comme Sillage ou bien encore Meka. Oui je sais c’est mal de citer des références qu’on a pas lu, mais que voulez-vous, sachant que Sillage est une série qui a eu son succès, ça parlera certainement à quelques-uns.
Naja donc, du nom de la tueuse à gages numéro 3 d’une organisation assez obscure dirigé par un certain zéro. Une nuit, après une mission banale, et malgré sa méfiance naturelle, cette dernière reçoit la visite d’un mystérieux jeune homme qui lui révélera que le numéro 1 de l’organisation va tenter de la tuer. En délivrant ce message, l’inconnu va semer, volontairement ou non, la zizanie au sein des tueurs de l’organisation qui vont bientôt se livrer à une lutte fratricide…
Prévu pour tenir en cinq albums, chaque tome de la série s’attarde pour l’instant sur l’un des trois tueurs que nous connaissons de la mystérieuse organisation. Le dessin, sobre et plutôt original, est assez rafraichissant et sais prendre ses distances face à des influences évidentes. On regrettera parfois une certaine confusion dans les cases d’action, dont le trait, s’essayant certainement à un effet de style, fait parfois un peu trop brouillon. Néanmoins, le sentiment général est relativement sympathique, frôlant même avec le somptueux notamment dans le premier tome en Islande, et apporte surtout un regard assez neuf, assez loin de ce qui peut voir ces dernières années en franco-belge.
Quant au scénario, il est ma fois assez déroutant. Ma principale impression en sortant de ces trois premiers tomes, c’est de n’avoir pour l’instant qu’effleurer le propos et l’histoire qu’on veut ici nous raconter. Pour un série en cinq tomes, c’est assez déconcertant. Je suis pourtant très client de prendre son temps, et de poser les choses dans leur décor. Mais Bengal et Morvan semblent s’éterniser dans une posture de mystères, qui, si elle fonctionne parfaitement pour le premier tome, devient assez décourageante pour la suite. Même si, la dernière planche du tome 3 laisse entrevoir qu’on nous amène quand-même quelque part avec tout ça.
La déception intervient également quant à la nature du récit. 90% des pages sont racontées par un narrateur inconnu, qui en plus se permet de nous teaser sévère sans jamais approfondir ses propos (les descriptions de certains personnages notamment). Encore une fois, si ce style d’écriture collait parfaitement dans le tome 1, qui pouvait se poser comme une introduction, arrivé aux 2/3 de la série, cela devient vite lassant et installe une certaine monotonie dans une série qui se voulait pourtant haletante tant le mystère y joue un rôle prépondérant.
Naja, qui tient son nom du serpent homonyme (qui a dit Kill Bill ?), en copie aussi les caractéristiques propres au reptile. Car Naja est une tueuse à sang froid, une véritable machine sans scrupules ni ressentiments. Cette distance ne se caractérise d’ailleurs pas uniquement sur le plan émotionnel, puisque physiquement aussi, elle est incapable de ressentir la moindre douleur. Cette émotion, ce ressenti, deviendra finalement sa principale quête au long de ces trois premiers albums. Avoir mal, pour se sentir vivre. Lorgnant parfois vers certaines scènes masochistes, Naja possède cette ambiguïté, ce subtil mélange entre froideur et fragilité, qui donne envie d’en savoir plus sur un personnage. Et d’aller au bout d’une série, malgré les parti-pris de narration pas toujours heureux.
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